Texte écrit pour le cabaret des auteurs du dimanche de ce soir, sur le thème ATHÉE


Je me cherche.

J’ai 42 ans et je ne sais toujours pas trop ce que je veux faire de ma vie.

Et ça transpire dans toutes les sphères de ma vie.

La religion par exemple. Je ne suis pas athée, pas vraiment. J’envie pourtant ceux qui ne croient tellement pas en dieu qu’ils « voient l’absence de dieu partout » (merci Luis Buñuel !). Si au moins j’étais aussi fixé, peut-être que le reste de mon existence se mettrait en place.

Mais non, il faut que je doute. Je suis agnostique, et relativement fier de l’être. Et c’Est un peu par conviction de supériorité, par arrogance mais aussi, un peu paradoxalement, par fausse humilité, que j’adopte cette ligne de pensée, j’imagine. En ce sens, ma pensée se résume à : Comment quelqu’un peut-il avoir la prétention de croire posséder la réponse ultime quant à l’existence ou l’absence d’une entité suprême, d’un créateur de l’univers ?

Il n’y a personne d’assez intelligent ou d’assez « connecté »pour avoir le fin mot de l’affaire. Et on ne d’en sort pas, de toute façon. Même aujourd’hui, certaines des plus grands esprits de la planète ramènent l’idée d’un être omnipotent, par la bande, avec l’idée de simulation : le concept qui veut que notre réalité ne soit qu’une création virtuelle fort élaborée, conçue par une race humaine ayant atteint un tel niveau d’évolution technologique qu’il serait même impossible de distinguer le réel du simulé.

D’aucuns, comme Elon Musk par exemple, le gars de Paypal, Tesla et Space X, affirment que les probabilité que nous nous trouvions en ce moment dans une simulation sont infiniment élevées.

Mais dans ce cas, n’est-il pas possible que les créateurs de la simulation, êtres omnipotents eux-mêmes, dans la mesure où ils contrôlent l’entièreté de notre réalité, si virtuelle soit-elle, aient aussi introduit, dans les mailles de leur matrice virtuelle, l’idée même d’un être parfait, qui serait à l’origine du monde ? Admettant le narcissisme intrinsèque à l’homme à l’homme en général, et au programmeur moyen en particulier, je ne serais pas surpris qu’il ait créé le Dieu de la simulation à son image : myope et légèrement autiste…

Je ne prétends pas connaître la réponse. Je me demande, entre autre : Si nous somme une simulation, est-ce que les simulateurs qui nous ont simulés sont eux-mêmes des simulacres ? Est-ce que, en tant qu’entités simulées, nous sommes des NPC, des « Non-Player Characters », des personnages qui ne sont pas contrôlés par un joueur branché dan la simulation ? Ou est-ce que nous sommes des joueurs qui ne se souviennent plus qu’ils sont en train de jouer, écrasés depuis des années sur le sofa dans le sous-sol de leurs parents, à se faire intuber du Mountain Dew et des Pizza Pochettes passées au blender ? Mystère…

Quand on meurt dans le jeu, est-ce qu’on meurt dans la réalité, ou est-ce qu’on se retrouve seulement un niveau de réalité plus haut, de retour dans une vie encore plus banale que celle que nous « vivons » maintenant ? Est-ce que c’est comme Inception, et que les années passées dans la simulation n’équivalent qu’à des heures dans la vraie vie ?

Si ce n’est qu’une simulation, est-ce qu’on peut faire tout ce qu’on veut, sans réelle conséquence ? Est-ce que je peux me mettre à poil sur cette scène et crier « Hitler avait raison ! Hitler avait raison ! » et juste peser sur reset ensuite, ou recommencer au dernier save ? [faire mine de se déshabiller] Non, c’est peut-être mieux pas…

Est-ce qu’il y a un « GOD Mode » ? est-ce qu’il y a des cheats ? C’est quoi le but du jeu ? (en passant, pour ceux qui savent de quoi je parle, vous avez perdu le jeu… pour les autres, vous jouez maintenant au jeu, et vous avez perdu le jeu…)

Est-ce qu’il y a des upgrades ? Du « downloadable Content ? » ?

Aussi, est-ce qu’on va finir, dans notre réalité, par créer une réalité virtuelle indistincte de la réalité réelle, dans laquelle on va préférer se réfugier plutôt que d’affronter le monde dans lequel on doit vivre ? Une réalité sans Trump pour les uns, sans vegans pour les autres ? Et est-ce qu’on deviendra nous-même les Dieux de notre création ?

Il semble que l’être humain, malgré sa prétention à l’émancipation du divin, depuis le siècle des lumières entre autre, ait de la difficulté à ne pas revenir à l’idée primale d’une entité supérieure toute puissante. Bien sûr, chaque itération du concept désire paraître originale : on ne parle plus du gros monsieur barbu dans le ciel, ou d’un éléphant à quatre bras, on imagine maintenant un programmeur qui a trop de temps libres.

Cependant, la condition humaine demeurant ce qu’elle est, on garde toujours une fibre dubitative, un désir de réconfort qui persiste. On prend des détours, mais on ne peut s’empêcher de vouloir être rassuré du fait que quelqu’un, quelque part, nous a conçus avec un objectif en tête, même si c’est juste de se faire péter la yeule par un de joueurs qui a eu une mauvaise journée au bureau…

Je décide donc de faire un pari de Pascal partiel (pourquoi pas ?) : je demeure agnostique. Je e ferme pas la porte à l’idée d’un être tout puissant, ne serait-ce qu’un geek qui veut pousser les capacités de son nouveau Mac.

Et je prends cette décision parce que je suis meilleur que tout le monde. Tellement meilleur que j’ai l’humilité de ne pas prétendre tout savoir sur l’existence ou non d’un designer intelligent. Et qu’il ou elle me foudroie si j’ai tort…

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